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Publié le : 03/10/2006 11:29:00
Catégories : Billets d'humeur
J'ai passé, hier soir, un très grand moment musical et d'émotion. J'ai eu l'occasion d'entendre une merveilleuse pianiste en concert : Gabriela MONTERO.
Elève de Martha ARGERICH, Gabriela MONTERO n'est pas seulement une excellente pianiste elle a aussi un don immense pour l'improvisation.
Le concert était en deux parties : d'abord une interprétation du Carnaval Opus 9 de Schuman. Cette interprétation fut pleine de vie en ce sens que Gabriela MONTERO ne joue pas seulement la musique, elle la vit intensément.
Ensuite, vint la seconde partie du concert où Gabriela proposa d'improviser sur des thèmes musicaux de Bach, comme sur le CD qu'elle vient de sortir chez EMI. Ce fut fait sur une variation Goldberg avec un brio remarquable. Ensuite, elle a enchaîné sur une improvisation libre, passant du classique à des passages presque "jazzy". Il était difficile de croire que son jeu était réellement improvisé. C'était tellement fluide, naturel... évident, qu'il semblait que sa musique était écrite.
Enfin, elle a demandé au public de lui proposer des thèmes musicaux sur lesquels elle improviserait. Elle a commencé avec le concerto n° 3 de Rachmaninov, thème plus que connu et cher à son professeur... Ce fut réellement enchanteur. Elle a une capacité à distendre, dépecer, recomposer, triturer, retourner, réinterpréter, étirer un thème à l'infini, le réinventant chaque fois avec une aisance incroyable pour en faire quelque chose de ... construit, évident, fluide. Les variations de tempo sont fréquentes mais toujours cohérentes.
Plusieurs autres thèmes ont été réinterprétés : Debussy, "la vie en rose", etc. avec autant d'inventivité et de talent.
Dans sa seconde improvisation libre, tous les rythmes et styles y sont passés : du pur classique lent et triste à du "stride" en passant par du jazz, avec une facilité et une cohérence déconcertante.
Il y a du génie dans cette pianiste qui n'a jamais étudié ni l'harmonie, ni l'écriture... Je ne m'aventurerai pas à la comparer au chantre de l'improvisation pianistique : Keith Jarreth car il n'y a rien de commun entre eux à part cette touche de génie.
Le côté éphémère, unique, de ces improvisations a vraiment été un grand moment d'émotion, un moment rare.
Que ceux qui - pour reprendre l'expression consacrée - considèrent que cela n'a pas de sens de mettre des moustaches à la Joconde, aient la curiosité de jeter une oreille à son disque d'improvisations sur Bach, ou d'aller à la séance de rattrapage qui se tiendra Salle Pleyel, le 2 février prochain, avec son illustre professeur : Martha ARGERICH.
Un immense merci au Monde de la Musique pour leur gentille invitation à ce moment de création et d'émotion pures.
Guillaume